Ne jamais baisser les bras face aux obstacles de la CNÉSST

Juan Francisco Leon Portillo

Pour avoir travaillé comme boucher pendant de nombreuses années, je peux confirmer que ce métier n’est vraiment pas facile pour les mains, les poignets et les bras. Je travaillais dans une entreprise, spécialisée dans la coupe de viande, depuis 15 ans, quand j’ai commencé à ressentir des douleurs graduelles au bras gauche. J’ai dû cesser de travailler en décembre 2018 tellement la douleur était devenue insupportable. Après une visite chez le médecin, j’ai reçu un diagnostic de ténosynovite de De Quervain pour l’avant-bras gauche. La CNÉSST a accepté ma réclamation pour ce diagnostic, mais quelques mois plus tard, après d’autres examens médicaux, elle a refusé de reconnaitre mon nouveau diagnostic de syndrome du canal carpien bilatéral. C’est à ce moment que ma bataille a commencé avec la CNÉSST.

Mon travail de boucher consistait principalement à désosser des cuisses et des poitrines de poulet et à faire de la coupe de viande. En une seule journée, je pouvais désosser plus de 1000 poitrines de poulet à un rythme plutôt rapide. Je devais tenir le morceau de viande avec ma main droite et tirer très fort de la main gauche pour enlever la peau, mais comme la viande était gelée, je devais tirer encore plus fort! J’avais la main gauche tellement fatiguée et endolorie par moment que je devais changer de main pour tirer la peau avec ma main droite. Avec le temps, mes mains sont devenues toutes engourdies et la douleur était tellement intense qu’elle me réveillait en pleine nuit. J’ai donc été consulter un médecin en décembre 2018, parce que je n’étais plus capable de faire bouger ma main gauche. Dès que je l’ai vu, il a diagnostiqué une tendinite de De Quervain. J’ai aussitôt déposé une réclamation à la CNÉSST qui a été acceptée.

À la suite de ce diagnostic, les douleurs étaient toujours très présentes. En juillet 2019, j’ai donc passé une résonnance magnétique qui a montré que j’avais un syndrome du canal carpien bilatéral. Quatre mois plus tard, j’ai été examiné par un médecin désigné de la CNÉSST qui concluait également que j’avais un syndrome du canal carpien bilatéral qu’il attribuait aux mouvements répétitifs de mon travail. Toutefois, la CNÉSST n’a pas attendu le rapport du médecin désigné et a donc refusé de reconnaitre ce diagnostic. C’est à ce moment que je me suis rendu à l’uttam pour avoir de l’aide avec mon dossier. L’uttam m’a aidé à contester la décision en révision administrative, mais la révision a maintenu le refus. Comme j’étais déterminé à gagner la bataille, ma représentante m’a donc aidé à contester la décision au Tribunal administratif du travail et à trouver une avocate pour me représenter lors de l’audience.

Entre temps, en 2020, j’ai été opéré pour les deux poignets, mais j’avais encore des douleurs après l’opération. Mon chirurgien orthopédiste a conclu que j’avais aussi le syndrome du rond pronateur bilatéral, une compression du nerf médian qui me causait des douleurs profondes aux deux avant-bras. Comme la CNÉSST avait refusé le diagnostic de syndrome du canal carpien bilatéral, je doutais beaucoup qu’elle accepte ce nouveau diagnostic.

Mon audience a finalement eu lieu en février 2023. Évidemment, le fait de témoigner devant un juge me rendait nerveux, mais il n’était pas question que j’abandonne! En plus d’expliquer en détail le travail de désossage, j’ai mimé tous les gestes effectués dans mon travail pour que le juge comprenne bien toutes les manœuvres qui avaient causé mes lésions.

Le jour de l’audience, la CNÉSST n’avait pas encore rendu la décision sur le diagnostic du syndrome du rond pronateur bilatéral. Le Tribunal a donc décidé de mettre mon dossier en suspens avant de rendre sa décision sur le syndrome de canal carpien bilatéral pour attendre la décision de la CNÉSST. Un mois plus tard, la CNÉSST a reconnu le syndrome du rond pronateur gauche, mais a refusé le même diagnostic pour mon poignet droit. La révision ayant maintenu le refus, mon avocate a aussitôt contesté cette décision au Tribunal pour que le juge se prononce sur l’ensemble de mes diagnostics.

Lorsque j’ai reçu la décision, j’ai eu le soulagement d’apprendre que tous mes diagnostics étaient reconnus. La juge a conclu qu’il y avait un lien clair entre mon travail et le développement de mes lésions. J’étais vraiment fier de ne pas avoir abandonné en cours de route.

Ma bataille avec la CNÉSST n’est pas complètement terminée, puisqu’il me reste à faire évaluer mes séquelles pour ensuite vérifier ma capacité de travail éventuelle. Quoi qu’il en soit, je suis content d’avoir pu compter sur l’uttam pour mener ce combat et encore aujourd’hui pour m’aider avec la suite de mon dossier. Grâce à l’uttam, j’ai compris qu’il ne faut jamais se laisser décourager par la CNÉSST!

Scroll to Top