À quand leur reconnaissance au Québec ?
L’adoption de la Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail a permis de bonifier la liste des maladies professionnelles par l’ajout de certaines maladies comme le Parkinson, la maladie de Lyme et le trouble de stress post-traumatique. Cependant, plusieurs autres maladies n’ont pas été intégrées au Règlement, même si leur étiologie professionnelle est reconnue scientifiquement et qu’elles font même partie des listes de maladies professionnelles de nombreux pays. Le syndrome du tunnel carpien, de nombreux cancers professionnels et certaines maladies psychologiques causées par le stress chronique en sont des exemples. Pensons également aux nombreuses maladies fœtales professionnelles qui découlent d’une exposition d’un parent à divers contaminants toxiques utilisés dans certains milieux de travail et qui expose dangereusement, par le fait même, l’enfant à naitre.

Pour en nommer quelques exemples, prenons les éducatrices en garderie et les professeures exposées à divers agents infectieux, ainsi que les techniciennes en laboratoire d’imagerie médicale et de l’industrie nucléaire exposées aux rayonnements ionisants. Des études qui remontent à près de quinze ans ont en effet montré les risques d’une exposition à certains produits chimiques pour les enfants à naitre chez les coiffeuses et esthéticiennes (malformation cardiaque) , de même que pour les travailleuses exposées à des solvants (malformation congénitale) , ainsi qu’aux pesticides , où d’ailleurs, et souvent oubliées, beaucoup d’expositions professionnelles relatives aux pesticides ont lieu hors agriculture comme chez les fleuristes . Pourtant, plusieurs travailleuses œuvrant dans ces différents milieux de travail diront ne jamais avoir reçu de messages de prévention à l’effet que des maladies fœtales professionnelles sont susceptibles d’intervenir dans ce genre de milieux de travail, et ce, autant de l’employeur, que de conseillers en prévention.
Plutôt avant-gardiste, le Danemark est l’un des pays qui depuis longtemps, par son Régime danois de sécurité sociale, couvre les risques relatifs aux maladies congénitales. Selon la loi danoise, sont couverts par l’assurance accidents du travail et maladies professionnelles, « les enfants qui souffrent d’une maladie ou d’une lésion congénitale due au travail de leur parent [dont] la pathologie doit s’être manifestée durant la grossesse ou peu après l’accouchement ». Au Québec, à mille lieues du régime danois, un enfant malade ou handicapé, à cause d’une exposition professionnelle d’un parent à des contaminants, ne peut être indemnisé puisque, pour bénéficier d’une indemnisation, la loi prévoit que la personne qui dépose une réclamation doit être un travailleur au sens de la loi. Malgré l’exposition professionnelle d’un parent à des contaminants, l’exposition périnatale n’est pas comprise dans la loi québécoise.
Étant donné le danger significatif de la transmission par exposition d’une substance toxique pendant la grossesse ou avant la conception pour le père, l’enfant malade ou handicapé du fait de l’exposition d’un parent à certains contaminants devrait avoir droit à la reconnaissance de la relation entre sa maladie et l’exposition périnatale aux pesticides. C’est pourquoi l’uttam revendique la reconnaissance des maladies fœtales professionnelles et demande qu’elles soient reconnues au même titre que toute autre lésion professionnelle et que l’enfant malade ou handicapé ait droit aux mêmes bénéfices que toute autre victime de lésion professionnelle.
Si certains affirment que la reconnaissance de certaines maladies en lien avec l’exposition aux pesticides, notamment pour la maladie de Parkinson et certains cancers, n’est qu’à ses premiers développements, d’où les difficultés de les faire reconnaitre, il n’en demeure pas moins que des études datant maintenant d’une quinzaine d’années montrent indéniablement la relation entre l’exposition aux contaminants d’un parent et plusieurs maladies professionnelles fœtales. Alors, à quand la reconnaissance des maladies professionnelles fœtales au Québec?