En lockout pour avoir revendiqué un salaire décent

Les travailleuses et travailleurs de Club Entrepôt de Québec sont sans convention collective depuis l’automne 2022. Jusqu’au printemps dernier, les négociations entre le syndicat, le STT de Presto libre-service de la région de Québec-CSN, et l’employeur, Loblaws, avançaient rondement. Le Syndicat a, par ailleurs, réussi à faire des gains intéressants dans les aspects normatifs de la convention collective à venir. En particulier, le syndicat a négocié une clause lui permettant d’être systématiquement informé des réclamations déposées pour des accidents du travail et maladies professionnelles. Cette nouvelle clause leur permettra, entre autres, d’être plus rapidement mis au fait des démarches en indemnisation des lésions professionnelles dans l’unité et, donc, de soutenir leurs membres dans leurs démarches le plus tôt possible.

Cependant, les négociations ont rapidement tourné au vinaigre lorsque les questions salariales ont été abordées. L’employeur n’offrait rien d’autre que l’appauvrissement des travailleuses et travailleurs.  De plus, l’employeur n’avait donné aucun mandat de négociation à ses négociateurs. Seule une augmentation de 14% sur 7 ans a été offerte, rien de plus. L’offre patronale cherche ainsi l’aplanissement de l’échelle salariale et un rapprochement aux salaires les plus bas chez Loblaws.

Le syndicat, quant à lui, avait trois demandes : un salaire d’entrée à 18$ de l’heure et un salaire maximal à 23$, une augmentation de l’échelle salariale de 9% au terme d’une convention de 3 ans et, un changement dans les modalités d’avancement salarial. Cette nouvelle formule d’avancement salarial permettrait, entre autres, de reconnaitre les années de service des travailleuses et travailleurs à temps partiel en effectuant un saut d’échelle chaque année plutôt qu’à un nombre d’heures prédéterminé. La moitié des travailleuses et travailleurs de Club Entrepôt de Québec étant à temps partiel, cette nouvelle modalité favoriserait concrètement la reconnaissance de leurs années de service chez l’employeur.

Les demandes syndicales, loin d’être extravagantes, ont pourtant été accueillies avec une fin de non-recevoir de la part de l’employeur.  Devant l’impasse, le syndicat a consulté ses membres qui lui ont octroyé, au mois de mai dernier, un mandat de 10 jours de grève discontinue à exercer en temps opportun. Le 9 juin dernier, le syndicat déclenchait son premier jour de grève et à la fin de ce premier 24 heures, l’employeur décidait de mettre la clé dans la porte en imposant un lockout.

Les travailleuses et travailleurs de Club Entrepôt de Québec sont donc dehors depuis le 10 juin dernier. N’allez pas croire que la situation décourage pour autant les travailleuses et travailleurs, bien au contraire. Les membres du STT de Presto occupent l’espace devant le Club Entrepôt de Québec tous les jours depuis le lockout. Ils ont aussi planifié une tournée de manifestations devant les magasins Club Entrepôt pour démontrer leur force et leur capacité de mobilisation, donnant ainsi l’exemple aux autres unités accréditées de Club Entrepôt. Plusieurs de ces manifestations ont déjà eu lieu et d’autres pourraient être à venir bientôt, y compris dans la région de Montréal. Si le syndicat adopte une telle stratégie, c’est qu’il est conscient que l’intransigeance de Loblaws envers ses demandes n’est pas anodine. Les membres du STT de Presto ont la convention collective la plus avantageuse de l’ensemble des magasins Club Entrepôt. La stratégie patronale s’apparente alors à une tentative de bras de fer pour briser la mobilisation de l’unité, mais aussi à tuer dans l’œuf tout mouvement de contestation futur dans les magasins Club Entrepôt. Une stratégie antisyndicale que les membres du STT de Presto ne sont pas près de laisser passer.

En plus de la tournée de manifestations, les membres du STT de Presto sont venus à Montréal pour démontrer leur mécontentement quant à l’impasse des négociations et le maintien du lockout. Ces derniers ont occupé temporairement l’entrée du bureau des négociateurs de Loblaws. L’entrée fut alors recouverte d’une belle mosaïque de revendications et de collants syndicaux. Le syndicat assure que d’autres actions sont à prévoir et ce dernier envisage de consulter ses membres bientôt pour élaborer une escalade des moyens de pression.

Si le STT de Presto, qui compte moins de 30 membres, est en mesure de mener sa lutte aussi longtemps, c’est, entre autres, grâce à la solidarité intersyndicale qui prévaut actuellement au sein de la CSN, notamment grâce au Fonds de défense professionnelle. Ces appuis lui permettent d’assurer que le coffre de guerre subvient aux besoins essentiels de ses membres sans revenu de travail depuis le mois de juin. Le syndicat compte aussi sur l’appui de la communauté pour rendre visibles ses revendications et dénoncer les pratiques patronales de Loblaws.

Si vous souhaitez soutenir le STT de Presto dans sa lutte pour des conditions de travail décentes, vous pouvez adresser un don au STT de Presto Libre-Service de la région de Québec-CSN en envoyant un chèque à l’ordre de Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches (155, boulevard Charest est, bureau 200, Québec, Québec, G1K 3G6) ou en ligne.

Vous pouvez également suivre la page Facebook du Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches pour obtenir les nouvelles du STT de Presto. 

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