CPE l’Enfanterelle : un exemple de solidarité et de détermination

Les treize travailleuses du CPE de l’Enfanterelle, situé à Laval, sont actuellement en grève générale illimitée depuis le 30 mai 2023.

Leur convention collective étant échue depuis longtemps, soit mars 2020, il s’agit du seul CPE syndiqué CSN de Montréal et Laval dont le contrat de travail n’a pas été renouvelé. Mais ce n’est certainement pas par manque d’effort et de volonté de la part des travailleuses du CPE!  

Lors d’une première entente de principe ayant eu lieu en décembre 2022, l’employeur acceptait de créer un poste de remplacement de pauses et de pédagogie, afin de permettre aux éducatrices d’avoir droit à une vraie pause-repos au cours de la journée.

À la grande surprise des travailleuses, l’employeur est revenu sur sa parole, à peine un mois plus tard, en janvier 2023, pour modifier les tâches liées au nouveau poste de remplacement et soumettre que seulement deux éducatrices sur six seraient remplacées, alors que les autres n’auraient qu’à faire de « l’autopause ».

L’autopause consiste à se faire remplacer par une collègue qui doit superviser 2 groupes d’enfants, en même temps, situés dans des salles différentes pendant que l’on prend une pause. Cette situation cause un enjeu majeur du point de vue de la santé et sécurité, autant pour les travailleuses que pour les enfants. Effectivement, certains enfants ne dorment pas pendant la pause et certains ont besoin d’une surveillance accrue, et ce, sans compter les multiples tâches à effectuer pendant la sieste. Pendant qu’une éducatrice est occupée dans une salle à surveiller et à s’occuper d’un enfant turbulant, par exemple, elle ne peut en même temps s’occuper des enfants d’un autre groupe situé dans une autre salle. En conséquence, l’autopause crée une surcharge de travail, en plus de créer un stress sur la travailleuse qui doit surveiller deux groupes d’enfants.

Les travailleuses ont donc décidé de se mobiliser pour dénoncer cette situation aux parents et aussi le fait que l’employeur ne respecte pas sa parole. Après avoir exercé plusieurs moyens de pression, dont une grève de 5 jours, et face à l’inaction de l’employeur, les travailleuses se sont dotées d’un mandat de grève générale illimitée à utiliser au moment jugé opportun.

Afin d’aider à dénouer l’impasse, les travailleuses ont toutefois essayé, lors d’une dernière tentative, de régler le conflit en proposant à l’employeur de revenir au statu quo. Ainsi, en l’absence de véritables pauses quotidiennes, toutes les travailleuses du CPE ayant un poste ou un remplacement long terme conserveraient leurs congés mobiles à prendre au cours de l’année.

L’employeur a refusé ce statut quo, s’opposant au maintien des congés mobiles de la responsable en l’alimentation à l’emploi du CPE depuis plus de 27 ans! Si l’employeur semble vouloir utiliser une stratégie de division au sein des travailleuses du CPE, c’était surtout sous-estimer la solidarité de toutes les travailleuses, les unes envers les autres, qui refusent tout recul!

Face à la fermeture de l’employeur, les travailleuses n’ont eu d’autre choix que de déclencher une grève générale illimitée à partir du 30 mai dernier. Les travailleuses du CPE de l’Enfanterelle sont unies dans leur lutte et il n’est pas question pour elles de laisser personne derrière. Solidaires de leur collègue responsable en l’alimentation, elles sont déterminées à ce qu’il n’y ait pas de reculs dans les acquis pour personne. Tous les postes sont importants dans un CPE et « personne ne doit rester derrière ». 

Les 13 travailleuses du CPE de l’Enfanterelle et le syndicat qui les représente ne comprennent pas l’entêtement de l’employeur à exclure la responsable en l’alimentation, puisqu’elle bénéficiait déjà de congés mobiles et que maintenir cet avantage ne représenterait qu’une dépense annuelle d’environ 1800 $. Même si une nouvelle directrice est en poste à la garderie, depuis mai 2021, son arrivée ne semble pas faciliter les négociations, bien au contraire! Il semble y avoir un acharnement de l’employeur à maintenir une division au sein des travailleuses du CPE et une absence d’ouverture constante à négocier pour en arriver à un terrain d’entente.

La fermeture du CPE depuis le début de la grève illimitée du 30 mai 2023 force les parents à trouver une solution alternative. Les éducatrices, premières à déplorer les impacts du conflit sur les enfants et les parents, ont pris soin de les informer de la situation. Compréhensive face au conflit, la majorité des parents offre même son soutien aux travailleuses sur la ligne de piquetage ne comprenant pas non plus l’entêtement de l’employeur à refuser toute entente, sous prétexte d’économiser quelques dollars. Il demeure incompréhensible que la nouvelle direction du CPE tente de saper le moral et le climat de travail de l’ensemble des travailleuses qui effectuent un travail remarquable auprès des enfants, alors qu’elles sont appréciées autant de ces derniers que des parents.

En plus de l’appui de la majorité des parents, les travailleuses du CPE bénéficient aussi du soutien d’éducatrices d’autres centres de la petite enfance et de membres d’autres syndicats de la CSN qui viennent les encourager sur la ligne de piquetage. Le CPE étant situé dans un quartier résidentiel, les voisins contribuent également à les soutenir en mettant des pancartes sur leur terrain en soutien aux travailleuses en grève!

Il est d’ailleurs possible de suivre la lutte des travailleuses du CPE de l’Enfanterelle en allant sur le site Facebook du syndicat des travailleuses des CPE de Montréal et Laval de la CSN.

Il est à espérer, avec tous ces appuis en faveur des travailleuses du CPE, que l’employeur retrouve la raison et qu’il accepte de négocier de bonne foi, pour favoriser un climat de travail sein et sécuritaire autant pour les enfants que pour l’ensemble du personnel du CPE.

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