Appauvrissement des victimes du travail : le ministre doit nous entendre!

Alors que le coût des biens et services essentiels n’a cessé d’augmenter depuis la pandémie de 2020, les travailleuses et travailleurs accidentés ou malades sont de plus en plus nombreux à rencontrer des difficultés pour joindre les deux bouts. L’uttam, qui vient de lancer sa campagne contre l’appauvrissement des victimes du travail, entend talonner le ministre et exiger qu’il agisse!

Les victimes de lésions professionnelles savent bien comment un accident ou une maladie du travail peut bouleverser une vie. On doit apprendre à vivre avec des douleurs, des incapacités et parfois la perte d’un emploi. On se découvre un nouveau quotidien fait de rendez-vous médicaux, d’examens radiologiques, de traitements, d’attentes de rendez-vous chez des spécialistes, sans compter les multiples démarches administratives et juridiques que peut impliquer notre dossier. Comme on le sait, une lésion grave entraîne presque inévitablement des litiges, que ce soit parce que les victimes doivent contester des décisions injustes de la CNÉSST ou parce que les employeurs, qui tentent d’éviter de payer pour les lésions dont ils sont responsables, multiplient les recours. S’ensuit souvent, pour des travailleuses et travailleurs qui n’ont pas choisi de subir leur blessure ou leur maladie, la nécessité d’embaucher une avocate ou un avocat, de se soumettre à des expertises médicales et de devoir se défendre au Tribunal.

En plus de tous ces impacts, les lésions professionnelles, même quand elles sont reconnues et indemnisées par la CNÉSST, ont d’importantes conséquences financières pour les victimes et leurs proches. En effet, la loi est loin de prévoir une compensation complète pour les accidents et maladies du travail. Quand une lésion nous empêche de travailler, on s’appauvrit donc inévitablement.

L’élément sans doute le plus visible et le mieux connu de cet appauvrissement est le fait que l’indemnité de remplacement du revenu ne correspond qu’à 90% du revenu net. Dès le départ, le système impose donc aux victimes du travail, qui doivent déjà endurer le fardeau de leur lésion, une « punition » de 10% sur leur revenu net.

Mais en réalité, l’appauvrissement qu’entraîne la lésion est beaucoup plus important que cette réduction immédiate du revenu net de la victime. Les victimes du travail sont en effet privées des bénéfices des cotisations aux régimes publics de sécurité sociale pendant leur arrêt de travail. Elles ne bénéficient pas non plus des augmentations salariales qu’elles auraient touchées n’eut été de leur lésion, incluant les hausses annuelles du salaire minimum. Au bout de quelques années, la victime d’un accident ou d’une maladie du travail peut se retrouver indemnisée sur une base salariale très inférieure au salaire minimum. À la retraite, les travailleuses et travailleurs s’appauvrissent encore davantage en raison de la non-cotisation au Régime de rentes du Québec pendant leur lésion, ce qui se traduit par des rentes de retraite parfois très diminuées.

Lors de notre Assemblée générale de juin dernier, les membres de l’uttam ont adopté des priorités et perspectives ambitieuses pour cette année. Parmi les éléments de l’important plan d’action dont nous nous sommes dotés, il y avait le projet de mener une lutte contre l’appauvrissement des victimes du travail, qui devient dramatique, alors que les modestes indexations qu’applique la CNÉSST ne permettent pas de suivre les hausses réelles des biens et services essentiels.

Cette lutte, nous l’avons lancée le 15 octobre dernier, en envoyant une lettre au ministre du Travail et aux porte-paroles des oppositions en matière de travail. Parmi l’ensemble des causes de l’appauvrissement des victimes du travail, nous avons retenu deux éléments qui nous semblaient particulièrement dramatiques, sur lesquels nous demandons au ministre Boulet d’agir : la situation des travailleuses et travailleurs indemnisés sous le salaire minimum et l’appauvrissement des victimes à la retraite.

Pour plus de détails sur cette campagne et les enjeux, les membres peuvent lire le « Dossier » du présent Journal.  Pour se tenir au courant des actions et mobilisations que nous organisons, nous vous invitons à suivre la page Internet de la campagne, à l’adresse https://uttam.quebec/appauvrissement/

Au moment d’écrire ces lignes, nous attendons toujours la réponse du ministre Jean Boulet. Nous préparons aussi des actions et des moyens de pression si le ministre persiste à faire la sourde oreille. Ensemble, nous lui ferons entendre raison!

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