Durant plus de la moitié du vingtième siècle, la plupart des bâtiments étaient ventilés de façon naturelle, c’est-à-dire que l’occupant avait la possibilité de contrôler son environnement en ouvrant les fenêtres.
En 1973, lors de la crise énergétique engendrée par l’embargo sur les exportations de pétrole des pays membres de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), des politiques d’économie d’énergie furent mises en place. De nouveaux systèmes de ventilation mécanique furent installés dans de nombreux immeubles. Malheureusement, ces systèmes diminuent l’apport d’air frais car ils ont la fâcheuse propriété de retourner une grande partie de l’air vicié dans les locaux où travaillent les occupants de ces édifices.
Par la suite, les nouvelles techniques de construction ont accru les niveaux d’étanchéité et d’hermétisme de ces immeubles. S’ajoute à cette problématique l’utilisation de plusieurs matériaux synthétiques qui libèrent une soupe chimique constituée de nombreux produits toxiques tels le formaldéhyde et autres composés organiques volatils (VOC).
Toutes ces transformations ont fini par déclencher une véritable épidémie de plaintes, de malaises et de maladies chez les travailleurs et travailleuses œuvrant dans des édifices où l’air est vicié. Le problème a pris assez d’ampleur pour que des médecins, des équipes de santé au travail de CLSC et les autorités de la santé publique soient forcés de s’y attarder.
Des problèmes de santé
La littérature scientifique divise essentiellement les symptômes et maladies en deux classes :
- Les symptômes non-spécifiques reliés aux bâtiments, dénommés « syndrome des édifices malsains »;
- Les maladies reliées au bâtiment.
Le syndrome des édifices malsains
C’est un ensemble de symptômes touchant une proportion plus ou moins importante des occupants d’un lieu de travail. Il est important de comprendre que tous ne sont pas touchés par cette situation. Le plus souvent, les victimes font partie du personnel de soutien, qui doit travailler au même endroit toute la journée. Ces malades se heurtent alors au manque de compréhension des gestionnaires, qui sont généralement épargnés par les malaises.
Les plaintes les plus fréquentes sont :
- L’irritation des muqueuses (nez, gorge, yeux), occasionnellement aggravée de maux de gorge, de rougeurs aux yeux, de larmoiements, de congestion nasale, de saignements de nez et de toux;
- L’irritation de la peau, la peau sèche et la dermite;
- Des symptômes généraux de maux de tête, fatigue, somnolence, problèmes de concentration mentale et de mémoire, nausées et étourdissements.
Les causes de ces symptômes sont, la plupart du temps, multiples et multiplicatives. Parmi elles, on peut retrouver :
- Un mauvais apport d’air frais dans l’édifice, même si les quantités mesurées semblent satisfaire les normes : un mauvais balancement du système de distribution peut empêcher l’air frais d’être acheminé de façon optimale à l’aire de travail de l’employé malade;
- La sècheresse de l’air ambiant;
- Le mauvais éclairage;
- Un bruit d’ambiance élevé;
- Un aménagement ergonomique inadéquat;
- Une soupe chimique composée d’agents de nettoyage, de formaldéhyde et de composés organiques volatils (solvants et autres, libérés par les matériaux synthétiques des tapis, rideaux et draperies, mobilier, photocopieur, imprimante laser, etc);
- Le stress et l’insatisfaction au travail, qui constituent des facteurs aggravants;
- Une contamination biologique.
Les maladies reliées au bâtiment
Il ne s’agit plus de malaises non-spécifiques mais bien de maladies qu’un médecin peut diagnostiquer :
- Allergiques : l’asthme, la rhinite;
- Infectieuses : la tuberculose, le SRAS, l’influenza, la rougeole et autres, transmises par le système de ventilation;
- Chimiques : l’intoxication au monoxyde de carbone, provenant d’un stationnement sous-terrain mal ventilé, ou intoxication causée par d’autres produits chimiques;
- Physiques : les maladies causées par des fibres minérales ou de verre, qui entraînent irritations et démangeaisons;
- Chroniques : le cancer causé par l’amiante.
Les traitements possibles
Le médecin reste souvent impuissant devant ces problèmes de santé. Il peut prescrire des larmes artificielles pour atténuer les plaintes oculaires, traiter l’asthme et la rhinite du mieux qu’il peut mais, tant que l’environnement n’est pas corrigé, l’approche thérapeutique conventionnelle demeure frustrante.
Des pétitions qui dénoncent la mauvaise qualité de l’air s’accumulent encore aujourd’hui sur les bureaux des gestionnaires de bien des édifices, mais, sans l’exercice d’un rapport de force, la situation change peu. La meilleure façon de changer les choses réside dans l’action concertée des travailleurs, des travailleuses et de leurs syndicats, s’ils ont la chance d’être syndiqués.
Pour plus d’information
- Fiche d’information sur la qualité de l’air intérieur du Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail (CCHST).
- Édifices à bureaux : Guide technique pour l’évaluation de la qualité de l’air dans les immeubles à bureaux Santé Canada. (PDF)
- Réseau de l’éducation : Guide de prévention et d’intervention sur la qualité de l’air intérieur en milieu scolaire 2000, FSCQ, CEQ, et DSP. (PDF)
- Réseau de la santé : La qualité de l’air dans les établissements du réseau de la santé et des services sociaux, Corporation d’hébergement du Québec, MSSS, IRSST, INSPQ, CSST, 149 pages février 2005. (PDF)