Marc, 43 ans, est soudeur réparateur de radiateurs d’automobile. Il travaille dans ce domaine depuis qu’il a 15 ans. Suite à une prise de sang effectuée dans le cadre d’un programme de surveillance de l’équipe de santé au travail de son CLSC, il reçoit un appel du médecin de cette équipe, qui lui explique que son taux de plomb sanguin se situe à 2,41 µmol/L et que c’est élevé. Il doit être retiré du travail.
Le questionnaire médical fait réaliser à Marc qu’il est anormalement fatigué et sans entrain. Sa conjointe remarque qu’il éprouve des difficultés de concentration et de mémoire, qu’il est d’humeur dépressive et irritable, sans raison particulière, et que depuis deux ans il se plaint de douleurs musculaires généralisées. À l’occasion, il perçoit un goût métallique dans la bouche. Comme bien d’autres travailleurs et travailleuses, Marc est intoxiqué au plomb.
Le plomb, contrairement au zinc par exemple, est un métal inutile au bon fonctionnement du corps humain. De plus, il a la malencontreuse habitude de s’accumuler dans plusieurs tissus, dont les os, de sorte que ses effets perdurent même après l’exposition. La réaction d’oxydation, lors du procédé de soudage, crée l’oxyde de plomb dont la toxicité est plus sérieuse que le plomb métallique pur.
Plusieurs systèmes peuvent être affectés par l’accumulation du plomb :
Les travailleurs et les travailleuses sont exposés au plomb dans plusieurs industries. En effet, le plomb est utilisé dans la soudure des radiateurs d’automobile, dans la fabrication de batteries ou de munitions, dans les dispositifs de protection contre les radiations nucléaires et dans les joints pour câble dans l’industrie de l’énergie et des communications. On peut aussi trouver du plomb dans les fumées des fonderies ou des fabriques de laiton ou de bronze. Le plomb entre également dans la composition de glaçures céramiques, de stabilisants de plastiques et de certaines peintures industrielles dont celles qui sont destinées aux ponts en acier.
Évidemment, la meilleure protection est d’éviter toute exposition. Le captage à la source du contaminant minimise les risques. Si cela s’avère impossible, le port temporaire d’une protection respiratoire adéquate, ajoutée à une politique de soutien et d’évaluation d’étanchéité peut aider, en attendant une amélioration de l’environnement de travail. Un programme de surveillance sanguine doit aussi s’additionner à ces démarches. Enfin, il est fortement recommandé que les travailleurs et travailleuses portent des vêtements de protection, qui devront être nettoyés au travail, et qu’ils et elles prennent une douche avant de revêtir leurs vêtements de ville à la fin de leur quart de travail, afin d’éviter de provoquer des intoxications par le transport de poussières contaminées à la maison.
Le plomb est un toxique particulièrement dangereux, même à des concentrations considérées « faibles ». Il est donc impératif que les normes d’exposition soient abaissées. Il faut aussi exiger une meilleure surveillance des conditions de travail et de la santé des travailleuses et travailleurs exposés.
Pour plus d'information sur le plomb
Le Dr Auger est spécialiste en médecine du travail.