On a beaucoup entendu parler des effets sur la santé respiratoire de la fumée de cigarette. Ces effets, causés par la multitude de contaminants présents dans la fumée de cigarette, sont très bien documentés. Mais, qu’en est-il des effets sur la santé respiratoire de la fumée de soudage? Cette fumée, engendrée par les opérations de soudage en milieu de travail, contient également une multitude de produits chimiques très nocifs pour les poumons.
Le Centre canadien d’hygiène et de sécurité du travail (CCHST) définit le soudage comme suit 1 :
« Le soudage est un procédé par lequel on assemble des pièces métalliques ou des matières plastiques par chauffage et fusion des parties en contact de manière à réaliser un joint ayant les mêmes propriétés que le matériau constitutif des pièces assemblées.
À la base, trois éléments sont nécessaires pour réaliser une soudure :
La nature des contaminants chimiques présents dans les fumées de soudage varie selon le type de soudure effectué (il existe plus de 70 procédés de soudage différents). Mentionnons à titre d’exemple les fumées métalliques cancérigènes telles les fumées de béryllium, de cadmium, de chrome et de nickel ainsi que les fumées de zinc qui causent la fièvre des fondeurs.
En plus des fumées métalliques, il y a aussi des gaz, dont le monoxyde de carbone (qui cause des intoxications aigues et chroniques dépendant des niveaux présents dans l’air) et les oxydes d’azote et l’ozone, deux gaz hautement irritants pour les poumons.
Enfin, selon le revêtement et les autres résidus qui se trouvent sur le métal qui sera soudé, d’autres contaminants peuvent aussi être dégagés, tels des hydrocarbures aromatiques polycycliques, un autre agent reconnu cancérigène.
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé les fumées de soudage comme cancérigène connu pour l’humain. Certains estiment 2 que 310 cancers pulmonaires sont causés par l’exposition aux fumées de soudage chaque année au Canada.
L’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) en France présente de façon très complète les effets sur la santé pulmonaire de l’inhalation des fumées de soudage 3. Mentionnons tout d’abord les effets aigus, c’est-à-dire les effets sur la santé pulmonaire qui se présentent à court terme suite à une exposition importante. Les différents gaz (ex. oxydes d’azote et ozone) et certaines fumées métalliques dégagés par le soudage (ex. : béryllium, cobalt) sont très irritants pour les voies respiratoires. Cette irritation se manifeste par la toux, l’essoufflement et des difficultés respiratoires.
Une exposition élevée à des fumées de zinc cause la fièvre des fondeurs. Il s'agit un syndrome dont les symptômes sont semblables à ceux causés par une grippe et qui apparaissent dans les heures suivant l’exposition (fièvre élevée, frissons, douleurs musculaires, irritation des voies respiratoires supérieures, toux et oppression thoracique). Ces symptômes disparaissent après 24 à 48 heures, mais réapparaissent lorsque l’exposition aux fumées recommence.
Tel que mentionné précédemment, une exposition à long terme à des niveaux plus faibles de fumées de soudage est une cause reconnue cancer pulmonaire.
Une telle exposition chronique peut aussi causer d’autres problèmes pulmonaires comme la bronchite chronique. Selon le CCHST, 15 % des bronchites chroniques seraient d’origine professionnelle. 4
Les bronches sont les voies aériennes qui partent de la trachée et qui amènent l’air jusqu’aux bronchioles et alvéoles, permettant l’apport d’oxygène aux tissus ainsi que l’élimination du bioxyde de carbone via la circulation sanguine. Une bronchite chronique est une inflammation du revêtement des bronches, ce qui réduit leur diamètre. Les bronches vont donc enfler et produire une quantité excessive de sécrétions muqueuses. On comprend facilement que l’ensemble de ces symptômes entrave sérieusement le fonctionnement du système respiratoire.
La prévention des problèmes de santé causés par les fumées de soudage consiste surtout en une bonne ventilation des lieux. Tout d’abord, un apport suffisant d’air frais de l’extérieur pour permettre de remplacer l’air de l’atelier par cet air frais. Il est aussi nécessaire de munir tout poste de soudage d’une ventilation locale qui permet d’évacuer les fumées et les gaz avant qu’ils pénètrent la zone respiratoire du soudeur. Le CCHST explique les différents types de ventilation par aspiration des fumées à la source 5 : un poste de soudage où les fumées sont aspirées vers le bas, une hotte mobile ou un pistolet de soudage muni d’un boyau d’aspiration.
Le Règlement sur la santé et la sécurité du travail (RSST) contient des dispositions claires concernant les obligations de l'employeur en matière de ventilation.
Les établissements doivent fournir un nombre minimal de changements d’air frais à l’heure. Pour les garages d’entretien et les usines de fabrication de produits métalliques (deux types de milieu de travail où le soudage est présent), ce taux minimal se situe à quatre, c’est-à-dire que l’air doit être remplacé par l’air frais venant de l’extérieur à toutes les 15 minutes. L’article 107 du même règlement stipule que toute source ponctuelle d’émission d’un contaminant chimique à un poste de travail fixe doit être pourvue d’un système de ventilation locale qui capte à la source les contaminants chimiques.
En conclusion, les fumées et gaz dégagés par le soudage auront des effets néfastes sur les poumons de ceux et celles qui font ce travail, à moins qu’un système efficace de ventilation générale et de ventilation locale ne soit installé pour prévenir ces problèmes.
Références
Norman King est détenteur d'une Maîtrise ès sciences en Épidémiologie.