J’ai été victime d’un accident du travail qui a chamboulé ma vie il y a un peu plus de 3 ans, alors que j’étais âgée de 52 ans. Je n’ai jamais pu reprendre le travail et la CNÉSST a fini par me déclarer inemployable. Je serai donc indemnisée jusqu’à ma retraite… mais je suis très inquiète de ce qui m’attend à ce moment.
Comme je suis payée par la CNÉSST, je ne cotise plus au Régime de rentes depuis mon arrêt de travail. Quand j’arriverai à 65 ans, c’est 13 ans de cotisations qui vont manquer pour ma rente de retraite. Étant donné que je suis arrivée au Québec en 2012, j’aurais eu besoin de ces 13 années de cotisations pour ne pas tomber dans la pauvreté à la retraite.
À cause de ces années non-cotisées, je sais que ma rente de retraite sera minuscule, probablement moins de la moitié de ce que j’aurais eu si je n’avais pas été victime de mon accident. C’est très injuste et ça m’angoisse beaucoup quand je pense à ce qui m’attend.
Iana Jimenez
J’ai été victime d’un accident en 2011, alors que je travaillais au salaire minimum de l’époque. Cet accident m’a laissée des séquelles importantes qui me font encore souffrir et m’empêchent de travailler. La CNÉSST a reconnu mon droit à l’indemnité jusqu’à l’âge de la retraite.
Je suis donc encore indemnisée aujourd’hui… Mais le montant que je reçois n’a pas du tout suivi le salaire minimum. Alors que je viens de recevoir mon indexation de la CNÉSST, je reçois tout juste un peu plus de 800$ net par deux semaines. Comparativement à une personne qui travaille au salaire minimum et qui a son accident aujourd’hui, je perds près de 4000$ net par année. Avec un si petit montant, j’ai bien du mal à arriver.
Être accidentée et devoir vivre avec des séquelles permanentes, ce n’est déjà pas facile. Être en plus condamnée à la pauvreté, c’est très injuste. C’est comme une double punition, pour quelque chose qu’on n’a pas choisi. J’espère que nos revendications seront entendues.
Firdevs Simsek
Présentement à la retraite, je dois me contenter d’une minuscule rente de retraite du RRQ, amputée de manière importante à cause de l’accident du travail dont j’ai été victime à 48 ans. Comme j’ai eu droit à une petite indemnité réduite de la CNÉSST pendant plusieurs années, je ne peux même pas bénéficier de la mesure d’exemption qui aurait rendu les choses un peu moins pires.
Être victime d’un accident du travail c’est déjà un drame. On perd notre santé et on est pénalisé sur notre revenu. On ne devrait pas subir en plus cette injustice à la retraite, que rien ne justifie!
Natalie Monet
J’ai eu mon accident en 2019. Ça fait 5 ans que je suis en arrêt de travail. Je me suis blessée alors que je travaillais au salaire minimum. Aujourd’hui, je suis payée bien en dessous. Déjà que tu perds 10% de ton revenu, en plus de ton indemnité qui ne suit pas du tout les hausses des biens essentiels… Aujourd’hui, je dois survivre avec une petite indemnité de 850$ aux deux semaines.
L’indemnité que je reçois c’est 2000$ de moins que quelqu’un qui a son accident en 2024 et qui est au salaire minimum. Ce n’est pas normal que ça ne suive pas le salaire minimum! Toute monte, je n’arrive plus!
J’espère que le ministre du Travail va nous entendre!
Pierrette Rivard
En 1996, alors que j’avais 41 ans, j’ai été victime d’un grave accident du travail qui m’a laissé des séquelles permanentes très importantes. Je n’ai malheureusement pas pu retourner au travail. J’ai été indemnisé par la CNÉSST pendant des années, jusqu’à l’âge de la retraite.
J’ai maintenant 69 ans et je reste aux prises avec un grave handicap depuis ma blessure. La CNÉSST ne m’indemnise plus, puisque j’ai atteint l’âge de la retraite. Mais ma rente de retraite du RRQ est minuscule, à peine plus de 100$ par mois, parce que j’ai été privé de la possibilité de cotiser au régime de rentes pendant des années et que la CNÉSST n’a pas versé ces cotisations non plus.
C’est très injuste de devoir vivre dans la pauvreté à la retraite à cause d’un accident du travail. C’est déjà pénible de devoir endurer les douleurs et les séquelles d’un accident du travail qui nous rend invalide, on ne devrait pas être puni en plus sur notre rente de retraite. J’espère que le ministre va nous entendre et qu’il changera les choses!
Carlos Ortiz
En 2019, j’ai été victime de trois malheureux accidents du travail, qui me laissent des séquelles permanentes importantes. Encore aujourd’hui, je suis incapable de travailler. Depuis maintenant cinq ans, les indemnités de la CNÉSST sont mon seul revenu.
La CNÉSST a retenu pour moi une base salariale qui correspond au salaire minimum de 2019. Depuis cette date, les indexations annuelles de mon indemnité ne suivent évidemment pas les hausses du salaire minimum, ni les véritables hausses du coût de la vie d’ailleurs. Aujourd’hui, je me retrouve donc indemnisée sur la base d’un salaire bien en dessous du minimum.
Alors que tout indique que je ne pourrai pas retourner au travail, je risque d’être condamnée à cette indemnisation basée sur un revenu qui va devenir, plus les années vont passer, dramatiquement sous le salaire minimum…
Non seulement c’est très injuste, mais il y a quelque chose d’absurde dans la situation. La CNÉSST est chargée d’appliquer la Loi sur les normes du travail et de s’assurer qu’aucun n’employeur ne fait travailler quelqu’un sous le salaire minimum. Mais c’est cette même Commission qui m’indemnise, et qui indemnise plein de victimes d’accidents et de maladies du travail sur la base d’un salaire annuel brut inférieur au minimum légal… Le ministre doit intervenir, comme le demande l’uttam, pour que ça change!
Myriam Beaudry*
En 2013, j’ai développé une maladie du travail. Au terme d’une longue bataille qui m’a menée au Tribunal, cette lésion a été reconnue par la CNÉSST.
Comme ma maladie m’handicape sévèrement, je reste à ce jour inapte au travail et indemnisée par la CNÉSST. Mais même si la Commission retranche les cotisations que je devrais payer au RRQ si je travaillais, je sais que rien n’est versé en réalité au régime de rentes. Quand j’atteindrai 65 ans, c’est 15 années de cotisations qui vont manquer pour ma rente. Malgré la mesure d’exemption qu’applique Retraite Québec, je sais que je serai privée d’environ de la moitié de ma rente de retraite à cause du non-versement des cotisations par la CNÉSST.
Si rien ne change, je suis donc condamnée à vivre dans la pauvreté à la retraite. C’est révoltant! Et c’est inacceptable de condamner ainsi des milliers de victimes de lésions professionnelles pour des accidents et des maladies qu’on n’a pas choisi d’avoir.
Tatiana Goudime